Image : Gilles Brémond
Ce site n'a aucune prétention historique. Il est avant tout au service des objectifs de l'association "Bâtisseurs des Tuileries" qui propose, entre autres, d'évoquer
l'histoire d'un château qui a laissé son nom à un des plus beaux jardins parisien : le jardin des Tuileries.
Les bâtisseurs du passé qui ont travaillé aux Tuileries ont trouvé avec l'association"Bâtisseurs des Tuileries" une structure qui au présent se projette dans un futur pour poursuivre leur œuvre
en souhaitant construire virtuellement le palais disparu qui a notamment inspiré le tracé des Champs-Élysées.
Aujourd’hui quel promeneur qui partant de l'Arc de Triomphe du carrousel se dirigerait vers la place de la Concorde en traversant le jardin des Tuileries imaginerait
que jusqu'en 1870 un château s'étendant entre les pavillons de Flore et de Marsan l'aurait empêché d'aller plus loin ?
C'est Catherine de Médicis qui souhaitant son propre logis non loin du Louvre, en a décidé la construction. Le 12 juillet 1564 est posée la première pierre de l'Hôtellerie royale
des Thuileries - lez- Paris. C'est l’exécrable mais combien talentueux Philibert de Lhorme qui en a dressé les plans. Jouxtant le palais de style Renaissance, un très vaste jardin à
l'Italienne s'étendant tout en longueur vers l'Ouest modifie profondément le paysage. De l'ambitieux projet seuls le jardin et une toute partie des constructions seront réalisés : un pavillon
central surmonté d'un dôme reposant sur un attique et flanqué de chaque côté de deux ailes symétriques, perpendiculaires à la Seine.
À partir de la construction initiale, certains souverains laissent leur empreinte notamment par des édifications ou élévations nouvelles. Par exemple, Henri IV reliera les Tuileries au
Louvre, par à une " grande galerie au bord de l'eau", qui existe toujours, parallèle à la rive droite de la Seine. Cette grande galerie se terminait par un "pavillon de la
rivière" notre actuel pavillon de Flore. Jouxtant ce dernier, en retour d'équerre le roi fait construire une "petite galerie" qui dans le prolongement du pavillon Bullant permet la jonction entre
le château des Tuileries et le "pavillon de la rivière".
En 1664, sous le règne de Louis XIV, Colbert lance le chantier des Tuileries, pour un roi encore parisien. Louis Le Vaux métamorphosera les Tuileries. Désormais la silhouette lourde et massive
qu'il façonnera globalement ne changera plus, et s'inscrit dans le paysage parisien. Quand l’architecte aura terminé son travail, les façades dissemblables qui étaient de part et d'autre du
pavillon central, par un effet de symétrie, entrent en harmonie. Vu du jardin, le château présentera une unité de façades harmonieuses. Hélas les transformations apportées font disparaitre une
très grande partie de l'édifice élégant élevé par Philibert Delhorme.
Délaissé par les rois aux profits d'autres palais, principalement celui de Versailles à partir de 1682, paradoxalement le château des Tuileries, demeuré résidence royale, devient symboliquement
le siège du pouvoir à partir du moment où la révolution y amène de force en octobre 1789, Louis XVI et sa famille.
Versailles devenu en quelques heures un rêve inaccessible !
Les Tuileries ! Prison pour une monarchie moribonde, ou antichambre mortuaire ?
Marie-Antoinette intuitivement l'avait senti, quand pénétrant dans le palais, elle s'était mise à trembler.
Madame Élisabeth, la sœur du roi qui se tenait à ses côtés inquiète en voyant la pâleur de sa belle-sœur lui avait demandé :
"Ma sœur, vous vous sentez mal ?"
Et la souveraine de répondre :
" J'ai froid, c'est comme si j'entrais dans un tombeau".
La monarchie abolie et le couple royal guillotiné, le 22 fructidor de l'An IV, le maire de Paris, Jérôme Pétion de Villeneuve, après avoir constaté que " Les palais jusqu'à ce jour ont été
pour les rois" conclut qu' il "est temps que le peuple ait les siens". Et de proposer que la convention nationale emménage mai 1793, dans l'ancienne salle des spectacles des Tuileries,
dite "salle du théâtre français" ou "salle des machines" .
Dans ce lieu idéal pour la déclamation des orateurs révolutionnaires, des titans siègent : il n'en fallait pas moins pour remplacer mille ans de monarchie.
Dans son enceinte pendant trente mois, les différentes factions issues de la révolution vont donner à la république nouvelle, le meilleur et le pire, l'action s'ajoutant à la rhétorique. Pour la
prise du pouvoir, elles vont aussi s'y affronter passionnément, jusqu'à s’y éliminer, au nom de la Liberté, de l’Égalité et la Fraternité.
Au sortir de la Terreur le peuple souverain composé d'hommes "libres et égaux en droits" s'étonne d'avoir échappé à la guillotine. La Nation est lasse des guerres, du chaos institutionnel,
du désordre, d'une économie exsangue. Les citoyens en viennent à regretter les temps anciens où régnait le despote Louis XVI. Et au sortir de la tempête, le peuple désillusionné rêve d'un
avenir meilleur.
Et voilà qu'en 1800, une aube s'est levée sur des temps nouveaux. Aux marches du palais, le premier consul Napoléon Bonaparte quitte sa résidence du Luxembourg pour s'installer aux Tuileries,
tout excité de coucher dans le lit de Louis XVI. Il est accompagné de son épouse Joséphine. En amont de son aménagement, il avait visité le palais. En apercevant des bonnets phrygiens rouges
peints sur les murs, agacé il s'était tourné vers son architecte Monsieur Lecomte "Faites disparaître tout cela ; je ne veux pas de pareilles saloperies".
1802, Bonaparte est nommé Consul à vie ! Qu'en disait Victor-Hugo ? " Ce siècle avait deux ans ! Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte, - Et du premier consul déjà, par maint
endroit, - Le front de l'empereur brisait le masque étroit" .
Celle qui deviendra l'impératrice Joséphine à qui Bonaparte offre les anciens appartements de Marie-Antoinette ne s’y sent pas à l’aise. Elle confie à sa fille qu’elle a l’impression que la reine
lui demande « ce qu’elle fait dans sa couche ». La première épouse de Napoléon sera obligée de quitter le palais quand l'impérial époux lui impose le divorce ; devenue
stérile, elle ne lui avait pas donné pas l'héritier tant attendu.
Le 20 mars 1811, au palais impérial des Tuileries naissait l'Aiglon, titré roi de Rome ! Tout semblait réussir à Napoléon qui avait épousé Marie-Louise de Habsbourg, nièce de Marie-Antoinette.
L'empereur satisfait de ses épousailles qui lui offrait la fille d'un empereur d'Autriche et une alliance indirecte avec les Bourbons, se pavanaient fier comme Artaban au château en soupirant
"notre bon cousin Louis XVI".
Mais rien n'étant jamais acquit, le temps des châtiments arrivait pour Napoléon !
Mais ils seront précédés par le temps des malheurs ! Le gouffre russe avalerait l'Ogre et "Napoléon redeviendrait Bonaparte". Laissant Moscou "fumer" derrière lui, l’empereur
revenait lentement vers les Tuileries, traversant avec son armée en déroute, des plaines blanches où "l’âpre hiver fondait en avalanche".
"Pour la première fois l’aigle baissait la tête !"
Les sombres jours venaient déjà, toujours précédant le châtiment ! La France envahie, Napoléon abdique une première fois. Il avait possédé le monde ! Lui dont l'appétit impérial repoussait
des horizons, gommait les frontières reçoit l'île d'Elbe, une sorte de miette de pain érigée en royaume. Marie-Louise et l'Aiglon se sont réfugiés à Vienne, où François II, le beau-père de
Napoléon et le grand-père de l'Aiglon préparent l'avenir doré, sans liberté, de ses "deux protégés".
Le temps des châtiments est presque venu ! fuyant l’île italienne, débarquant en France, encore combattant pour retrouver son trône en 100 jours, "César" arrive à Paris. Fuyant les
Tuileries qui lui rappelle trop les grandeurs passées, il se terrera au palais de l’Élysée.
Succédant à Charles X détrôné, le roi Philippe 1er fait tout pour ne pas chercher le gîte et le couvert dans ce palais réputé porter malheur à ses occupants. La force des symboles aidant, le fils
du régicide qui avait voté la mort de son cousin Louis XVI, contraint finit par s'y fixer avec sa nombreuse famille. En 1848, chassé comme un voleur, il s'enfuit en exil en
Angleterre.
Et puis il eut la république et le premier président de son histoire : un prince !
Louis-Napoléon, neveu de Napoléon 1er et fils "présumé" du roi de Hollande, Louis Bonaparte et d'Hortense de Beauharnais. Cet
"'enfant du hasard dont le nom est un vol et la naissance un faux" qualifié ainsi par Victor Hugo, après moult aventures sera élu au suffrage universel ...masculin, chef de
l’État le 10 décembre 1848.
L'élu s'installe le jour de son élection à "l’Élysée National" conformément au décret pris par l'Assemblée nationale ce jour de référence assignant au prince-président ce palais comme résidence présidentielle. Après le coup d’État du 2 décembre 1851, le prince va "échanger la couchette de l’Élysée contre le lit des Tuileries" . Ce prince, plus prince que président va assumer sa fonction aux Tuileries, le 2 janvier 1852 qui deviennent officiellement la résidence du président de la république.
Voilà donc le neveu installé dans la maison qui fut celle de son oncle ! 'Victor Hugo l'avait prédit : "Cet homme va nous perdre, il fait danser la république en attendant de la faire sauter". Le décret du 12 mars 1852, arrêtant la réunion du Louvre aux Tuileries, soit l'ordre de réaliser définitivement la jonction projetée au XVI ème siècle et jamais finalisée, anticipe le rétablissement de l'empire, le 2 décembre de la même année. Le 25 juillet 1852 La première pierre du nouveau Louvre est posée le 25 juillet 1852. La mort subite de Visconti en décembre 1853 n’interrompt pas le chantier. Les travaux sont alors confiés à Hector Lefuel, qui sera nommé officiellement architecte en chef des travaux de la Réunion des Tuileries au Louvre en janvier 1855.
Napoléon III sera le dernier souverain à y vivre. 300 ans après Henri IV, le neveu de Napoléon 1er réunit les deux palais, par une seconde galerie parallèle à celle "du bord de
l'eau".
Puis vint en 1870 " l'année terrible, l'année où l'empereur fit la guerre" au roi de Prusse.
Après avoir incarné la réussite et donné le sentiment que sa lignée continuerait à écrire l'histoire de France, mieux du monde, l'impératrice Eugénie qui assurait la régence au nom de son époux
Napoléon III, au fil des nouvelles désastreuses venant du front, fiévreuse, épuisée, s’efforce "en combinaisons pour sauver, non point la
dynastie, elle n’y songe pas, mais la France" écrit admiratif G Lenotre. Ce dernier dépeint ainsi l'après-midi du 3 septembre 1870, quand
arrive au palais la terrible dépêche annonçant le désastre de Sedan : Toute l’armée captive, l’empereur prisonnier !… Avec un rugissement de lionne expirante, Eugénie se dresse, retombe,
les poings aux tempes. [...]. Puis elle s’abat, sans connaissance, écrasée sous l’effondrement de sa grandeur écroulée. Le lendemain, un dimanche ensoleillé, femme de caractère elle s'est
redressée. Entêtée elle demeurera aux Tuileries persuadée qu'elle peut encore servir. Mais Eugénie n'a pas compris qu'il ne lui reste que quelques heures à y rester. Dans l'après-midi la dynastie
est déchue et la République proclamée. Eugénie a décidé de mourir sur les marches du palais ! Dans ce dernier déjà déserté, les derniers fidèles la persuadent qu'elle doit sauver sa vie pour son
fils et son époux. Elle fuit. Elle est déjà cette proscrite, jetée au dehors de la résidence des maléfices, comme les membres des dynasties précédentes. Et G Lenotre de conclure
"c’est la cinquième dynastie qui en est chassée ; des cinq enfants de France qui y sont nés ou y ont vécu, pas un n’aura régné"
.
En mai 1871, neuf mois après la chute du Second Empire, le château est incendié par la "Commune".
Les ruines du château pouvaient être restaurées, mais la résidence ravagée rappelait dangereusement les régimes monarchiques et les grandes pages d'histoire qui y avaient été
écrites.
En 1882, le gouvernement se décide à franchir le pas et le parlement vote la destruction du château des Tuileries.
Le silence et l'oubli ont effacé des mémoires les Tuileries. Maintenant, donnons libre cours à notre imagination pour voyager dans le temps. Créons un univers
partagé pour l'évoquer...pourquoi pas ensemble !
Acceptez à votre tour d'être envoûté, hanté par le château occulté, de faire entrer dans votre présent, une part du passé de ceux qui ont osé défier l'avenir en franchissant son seuil.
Suite : Introduction aux contes de faits.
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