Réception d’une ambassade polonaise.
En août 1573 Paris est en effervescence. Le jardin des Tuileries notamment va servir de scène à des festivités exceptionnelles : la réception d'une ambassade
polonaise venue offrir au duc Henri de Valois (second frère du roi Charles IX) la couronne élective de Pologne.
En effet, Sigismond II roi de Pologne et grand-duc de Lithuanie, dernier de la dynastie des Jagellons malgré trois mariages successifs meure sans
héritier le 7 juillet 1572. A sa mort, la noblesse polonaise instaure le principe d'une monarchie élective. Prouesse diplomatique du roi Charles IX et de Catherine
de Médicis.
Prouesse diplomatique car la Diète polonaise chargée d'élire un roi se méfie des Valois représentants d'une monarchie forte et du rôle d'Henri de Valois lors du
massacre de la Saint Barthélémy (déclenché le 24 août 1572) alors qu'en Pologne règne une absolue tolérance religieuse.
Au final Henri de Valois sera choisi principalement grâce au soutien de sa candidature par un magnat polonais très influent, Jan Zamoyski.
Auparavant Henri a accepté un texte fondateur de 21 articles faisant de lui un roi qui ne gouvernerait pas vraiment, soumis à la Diète polonaise dominée par les magnats du pays : les Articles henriciens ou Articles du
roi Henri (d'Anjou).
Catherine de Médicis ne cache pas sa joie, elle qui rêvait pour son fils préféré, la prunelle de ses yeux, d'une couronne royale.
Quant à Charles IX, il est fort pressé d'éloigner un frère intelligent, ambitieux soupçonné de conspirer contre sa Majesté.
Et puis, un Valois sur le trône de Pologne s'est commencer l’encerclement politique et militaire des Habsbourg, tout en profitant des bénéfices
économiques d'une ouverture sur la mer Baltique. Prouesse diplomatique car la Diète polonaise chargée d'élire un roi se méfie des Valois représentants d'une monarchie forte et du rôle
d'Henri de Valois lors du massacre de la Saint Barthélémy alors qu'en Pologne règne une absolue tolérance religieuse. Au final Henri de Valois sera choisi principalement grâce au
soutien de sa candidature par un noble polonais très influent, Jan Zamoyski.
Le 19 août 1573, la délégation polonaise est accueillie, entre autres, par Henri d'Anjou. Les parisiens en liesse sont fascinés par les costumes étincelants de
pierreries de ces nobles et de leurs armes étranges, comme des cimeterres. Cérémonies et réceptions alternent, Charles IX déployant tout le faste de la dynastie.
Une des 8 des tapisseries flamandes dite "Tapisseries des Valois" garde un précieux témoignage d'une scène de ces réjouissances se déroulant dans le jardin des
Tuileries à l'occasion de ces festivités. Cet ensemble prestigieux a été commandé probablement par Catherine de Médicis est aujourd'hui exposé dans la Galerie des Offices, à Florence. Les
précieuses broderies éclairent sur les festivités de la cour des Valois. Sur les tapisseries figurent plusieurs membres de la famille royale et leurs proches.
La tapisserie dite "Ballet des Polonais" conserve avec force de détails le souvenir de l'événement. Pour de nombreux historiens, la scène se déroule dans
une des salles du château. Ce dernier pour l'historiographe G.Lenotre à la mort de Catherine "n’était [...] qu’un décor, car, bien qu’on eût revêtu
de marbre les murs extérieurs, qu’on y vît des colonnes « d’un seul bloc », les cloisons séparatives manquaient et les planchers n’étaient pas posés".
Juliette Glikman dans "la belle histoire des Tuileries (collection Flamarion) "précise "Dans les jardins, un bois de haute futaie a
été abattu, afin de monter une grande salle, éclairée d'une infinité de flambeaux".
Sur cette composition précieuse, Catherine portant le deuil de son époux est assise, entourée de danseurs. En toile de fond, un
jardin servant de cadre esthétique et d'apparat au spectacle...comment ne pas imaginer qu'il s’agit de celui des Tuileries ?
Croire qu'il s'agissait d'un simple ballet serait faire erreur. Le ballet est chorégraphié et mis en scène par Beaujoyeulx. La partition en revient
à Roland de Lassus. Le dispositif scénique est impressionnant et le spectacle véhicule des messages politiques. Ces derniers sont liés au contexte historique de
ce temps et célébrant Charles IX. Pierre de Bourdeilles dit Brantôme en a laissé un témoignage dans son "Discours deuxième" (Vie des Dames illustres-
Françoises et eétrangères).
Éclairé par "une infinité de flambeaux" trois figures allégoriques apparaissent. Chacune, trois jeune filles, sont la France, la Paix et la Prospérité.
Précisons de Wikipedia
"Après quoi Silène et quatre satyres poussèrent devant le roi une structure recouverte d'une toile peinte, figurant un rocher sur lequel étaient installées seize
dames d'honneur de la reine qui récitèrent des vers en latin2 avant de descendre sur le parquet de danse où elles évoluèrent au son de la musique en une série de figures géométriques qui
excitèrent l'enthousiasme des spectateurs1. En conclusion du ballet elles vinrent présenter chacune une plaque d'or qui portait une inscription vantant les produits caractéristiques de chaque
province, les agrumes pour la Provence et les hommes d'armes pour la Guyenne . La chorégraphie du ballet était de Balthazar de Beaujoyeulx, la musique fut composée par Roland de
Lassus".